(Article co-écrit avec Copl : La sexualité change-t-elle après la ménopause ? (copl.be) )

La sexualité change-t-elle après la ménopause ?

La ménopause est encore un sujet éminemment tabou, que ce soit en couple ou même entre femmes. Pourtant, au-delà des clichés autour des bouffées de chaleur, se cache une période de grands changements qui n’est pas sans conséquence. 

Et en ce qui concerne la sexualité, qu’en est-il ? À la ménopause, les femmes vivent-elles une baisse de libido ou celle-ci est-elle, au contraire, boostée ? Y a-t-il des facteurs physiques à prendre en compte ? Nous avons posé ces questions à Marie-des-Neiges de Liedekerke, spécialiste du plaisir féminin et fondatrice de Sexponentielle, à la recherche de réponses claires et bienveillantes.

Que faut-il savoir sur la ménopause ?

La ménopause est presque aussi mystérieuse que le plaisir féminin, regrette Marie-des-Neiges. « Le sujet est encore bien trop souvent tabou, même au sein d’un couple ou entre sœurs, amies… Il y a toujours un long chemin à parcourir pour en parler ouvertement. » Espérons que la libération progressive de la parole autour des règles soit également porteuse dans le cadre d’autres sujets féminins. En effet, s’il y a 30 ans, le mot « règles » était pratiquement banni, remplacé par des périphrases comme « Je suis indisposée », « Les Anglais ont débarqué », « Dame Nature est de retour », on observe aujourd’hui une évolution positive quant à l’expression assumée des menstruations.

« La ménopause est un bouleversement hormonal important : la production d’œstrogènes chute drastiquement, par exemple » précise la fondatrice de Sexponentielle. Dès lors, un certain nombre de phénomènes apparaissent, avec des conséquences sur la vie physique et psychique d’une femme » :

La peau devient plus sèche,

Les muqueuses s’assèchent également,

Certaines femmes prennent du poids,

Des troubles du sommeil,

Des bouffées de chaleur,

Des sautes d’humeur peuvent apparaître,

Une perte musculaire et un relâchement de la peau surviennent…

Les symptômes sont variés et propres à chacune. Marie-des-Neiges dédramatise ce sujet souvent perçu comme uniquement négatif : « Il y a autant de ménopauses que de femmes, de même qu’il y a autant de sauces bolognaises que de cuisinier.e.s en Italie. » 

La sexualité après la ménopause change-t-elle radicalement à cette période ?

À la ménopause, généralement, les enfants ont quitté le nid. « C’est l’occasion de sortir de la chambre à coucher, des horaires fixes et de la peur que les enfants nous entendent quand on fait l’amour. On a plus de liberté, moins de gêne, on se connait mieux aussi avec les années d’expérience, on ose… », explique Marie-des-Neiges. La charge mentale liée à la parentalité soulagée, c’est l’occasion de s’autoriser à profiter, à penser à sa sexualité, à être curieuse, à s’intéresser à soi…  Adieu les idées reçues comme quoi les femmes auraient moins de désir à la ménopause : au contraire, cette liberté acquise leur permettrait d’être plus disponibles à leur vie sexuelle, pour autant qu’elles ne soient pas résignées.

En effet, les conséquences physiques de la ménopause peuvent être un frein. Les idées reçues et une communication défaillante incitent certaines femmes à se désintéresser de leur plaisir. Celles-ci tendent alors à abdiquer, tandis que certains hommes se déculpabilisent de chercher du plaisir ailleurs. D’autres femmes ne savent pas comment aborder les changements de leur corps, explique Marie-des-Neiges : « L’injonction patriarcale qui veut que la femme soit toujours naturellement et abondamment lubrifiée est absolument fausse. Dès lors, cela engendre une honte injustifiée. La lubrification est extrêmement variable selon les femmes et en fonction d’un éventail de facteurs, comme l’âge, le stress, l’hérédité, le moment du cycle… À n’importe quel âge, on peut utiliser un lubrifiant sans être gênée ! L’important, c’est de se sentir confortable. » 

Tout se joue donc dans la communication entre les partenaires, le non verbal, le sous-jacent, mais aussi le vocabulaire. À ce sujet, l’une des spécialités de Sexponentielle est d’apprendre à parler de sa sexualité de manière joyeuse : « Le mot ‘bander’ a parfois une connotation vulgaire. Pourtant, selon la façon de l’exprimer, utiliser des mots un peu crus peut tout simplement surprendre, faire rire et apporter de la légèreté à la conversation.  Car, pour accéder à l’excitation, les femmes comme les hommes ont besoin d’être détendus ». 

Quels conseils donner à une femme qui craint la ménopause ?

Avant tout, Marie-des-Neiges rappelle que la vie change, certes, mais pas forcément en moins bien. Et si des difficultés ou des inconforts apparaissent, des solutions existent à travers la médecine traditionnelle, la phytothérapie, l’acupuncture… « Comme je le dis à mes clientes, il faut chercher jusqu’à trouver ! Parlez-en à votre médecin, à vos amies, aux femmes de votre famille. Il n’y a pas de raisons objectives que la sexualité s’arrête à 50 ans. Ce sont les tabous et les non-dits qui font le plus de dégâts. » 

La fondatrice de Sexponentielle souligne que l’espérance de vie n’a jamais été aussi longue. Au début du 20e siècle, l’espérance de vie moyenne des femmes ne dépassait encore qu’à peine les 50 ans. La ménopause est un sujet relativement nouveau mais, avec la féminisation des milieux médicaux, un réel espoir de progrès est permis.

Un dernier mot ?

Pour répondre à la question initiale, Marie-des-Neiges sourit : « Oui, la sexualité change à la ménopause et en mieux ! Des nombreuses études montrent même que les couples au sein desquels la femme est ménopausée font l’amour beaucoup plus souvent et avec davantage de plaisir, pour toutes les raisons mentionnées plus haut dans cet article. » Il est donc essentiel de dépasser les préjugés et de briser les tabous qui existent encore à ce sujet.

Vous pouvez également retrouver le podcast réalisé par Copl sur le sujet ici : https://open.spotify.com/episode/6MzUly4lXsYnsrviVrFZRr?si=f7837e9693ac493f